La mise en place du tri sélectif et du ramassage des papiers et plastiques est un grand pas en avant dans la gestion des déchets et le recyclage. De plus, nous pouvons agir en sélectionnant des produits avec peu d’emballage, ou acheter des produits en vrac dans des sachets réutilisables. Cependant, il reste beaucoup de déchets ménagers à gérer. Et si le compostage était la solution suivante pour diminuer notre impact sur le traitement des déchets ?
Les poubelles débordent !
32% de notre poubelle est composé de déchets putrescibles. Il est donc important d’en prendre conscience et de voir ce qu’il est possible de faire avec ces déchets. Composter allège à la fois votre budget en sac poubelles, mais aussi celui de la communauté : ramassage des ordures et traitements. Sans compter que le compost obtenu sera plus que bénéfique pour votre jardin ou vos plantes d’appartement. Alors pas d’hésitation.
Qu’est-ce que le compostage?
Dans la nature, les déchets organiques se transforment naturellement en humus. Quand les feuilles tombent, des millions de micro-organismes se mettent au travail pour les transformer en matières utiles pour les végétaux. Chez les hommes, le traditionnel tas de fumier a tendance à dégager de mauvaises odeurs, c’est ce qui arrive si sa composition n’est pas équilibrée.
Le but des méthodes de compostage est d’optimiser l’action des dizaines d’espèces de micro-organismes qui se nourrissent de particules de matières organiques, et de favoriser leur développement rapidement. Parmi ces super-agents de la décomposition : il y a les bactéries (micro-organismes), les champignons qui agissent surtout sur les matières qui résistent aux bactéries. Il y a enfin les actinomycètes qui agissent en fin de parcours. Mais si on y regarde de plus près, on y trouvera aussi des virus, des algues et des protozoaires.
Parmi les décomposeurs du compost, il y a aussi des macro-organismes comme les lombrics, des vers, des acariens, des insectes, des gastéropodes, des cloportes… Chacun y joue son rôle à chaque étape du processus. De ce fait, la composition des produits organiques change dans la matière, de même que les communautés vivantes.
Le compost : tout un équilibre
Pour un bon compost, il est important d’avoir un bon rapport Carbone/Azote. Le carbone donnera du CO2 gazeux et de la chaleur. Les matières carbonées sont essentiellement les déchets bruns, durs et secs, comme par exemple les branches, feuilles mortes, la paille, les branches broyées, le papier, le carton. Seuls, leur décomposition serait très lente. Pour se décomposer plus rapidement, ces chaines carbonées ont aussi besoin d’apports azotés, comme par exemple les déchets verts, mous et mouillés, comme les épluchures de fruits, les restes de légumes et tonte de gazon. A l’inverse, si on n’a que des déchets azotés dans son compost, on risque des odeurs nauséabondes. En pratique, en mélangeant une à deux parts de matière azotées pour une part de matières carbonées, on évite les problèmes de déséquilibre C/N
L’humidité doit être importante : entre 50 et 60%. Elle sera apportée par les déchets azotés mais aussi par de l’arrosage. Si dans le compost, la température s’élève de trop et provoque de l’évaporation, il faut parfois arroser.
Une bonne aération est indispensable pour le développement des organismes. Sinon, ouïe, les mauvaises odeurs arrivent ! L’aération est en partie assurée par les matériaux carbonés puis dans un second temps par les vers de compost.
Les matières compostables
Les déchets de légumes, la tonte d’herbe fraîche, les litières et excréments d’herbivores ou de granivores, les épluchures de pommes de terre et les pelures des fruits, coquilles d’œufs, écorces d’agrumes en quantité limitée, pain, sachets de thé en papier, serviettes en papier, essuie-tout, fumier de bovidés ou d’ovidés…
Les matières non compostables
Coquillage et crustacés, croûtes de fromage, déchets de viande et os, déchets de poisson, matières grasses, laitage. Liserons et plantes grimpantes, plantes malades, plantes et végétaux traités, cendres, papier glacé, journaux, magazines…
Mise en pratique
Les bases à retenir : l’aération, l’humidité, le rapport Carbone/Azote, une bonne gestion
On choisit sa méthode de compostage en fonction de la quantité de matière à composter et donc essentiellement en fonction de la taille de son terrain. Voici à titre indicatif :
Pas de jardin : le vernicompost
Pour quelques centaines de litres par an (environ un terrain de 300 m2) : le fût
Pour 1 à quelques m3 par an (jusqu’à 1000m2): le silo
Plus : le tas.
Le fût
Le fût se place à l’extérieur car il peut y avoir des écoulements. En matière plastique, il faut veiller à ce qu’il soit à la fois épais et souple, noir ou vert foncé (pour l’absorption de la chaleur. Le couvercle doit être suffisamment lourd pour ne pas s’envoler et doit comporter un système d’aération. Le fut doit avoir une forme simple, le mieux étant une forme de cône tronqué. Ses différentes parties doivent s’emboiter et se désemboiter facilement. Il est préférable de l’installer sur un sol stabilisé et commencez par le remplir de fin branchages. Il apprécie d’être au soleil pour capter la chaleur.
Veillez à ce qu’il y aie une bonne aération, avec un courant d’air de bas en haut, et idéalement sur le côté de la base.
La tige aératrice est essentielle pour mélanger et aérer le compost. Un quart de tour répété une dizaine de fois tous les trois ou quatre semaines.
Il n’y a généralement pas de problème d’humidité dans un fut. Le surplus d’eau est évacué par les trous d’aération du bas.
Le dernier apport doit toujours être recouvert de déchets carbonés pour éloigner odeurs et prédateurs. Gardez toujours à côté de votre fût des feuilles mortes, du broyat…
Votre compost sera prêt au bout de 6 à 9 mois. Si votre fût est plein à trois mois, c’est que vous avez vu trop petit.
Le silo
La technique du compostage en silo est sensiblement la même. Les silos peuvent être en bois ou en plastique, avec couvercle ou non, avec ou sans porte…Veillez à ce que l’accès au bac par l’avant soit aisée. C’est essentiel pour le retournement et le transfert du compost. C’est mieux d’avoir un couvercle. La ventilation doit se faire par tous les côtés mais pas par de trop grandes espaces. Si vous avez de la place, il peut être plus pratique de gérer son compost dans trois silos en fonction des étapes de maturation du compost.
Le tas
Lorsque votre jardin est important (> 10 ares), cette technique s’avère la plus adaptée. Il doit avoir une forme de trapèze ou en andain et faire au moins 2 ou 3 m3. De préférence à l’ombre, il faut le poser sur une bonne couche de broyat. L’aération se fait à la fourche.
Le lombricompostage
Le lombricompostage, aussi appelé vernicompost, convient aux petites surfaces ou aux appartements. Il existe des compostières verticales ou horizontales. Elle doit être placé à un endroit où la température avoisinera les 20°, ne montera pas trop haut, ni ne gèlera. L’idéal est à l’intérieur d’une maison pour le bon développement des vers. Si vous la mettez à l’extérieur, prenez un modèle avec une bonne isolation pour que les vers ne gèlent pas en hiver. Avoir un robinet à la base de la compostière peut être intéressant pour récolter le jus qui, dilué, sert d’engrais pour les plantes vertes. Les compostières horizontales, encombrantes, se placent plutôt à l’extérieur. La récupération du compost est très aisée. Le bac est en deux parties. Lorsque l’on arrête d’alimenter une partie, les vers de terre affamés migrent dans l’autre et vous pouvez récupérer votre compost.
Les gros vers de terre qui peuplent les jardins ne sont pas utilisables dans une compostière. Les vers de compost sont des vers de surface qui se reproduisent très vite et se nourrissent des matières en décomposition. Il en existe deux sortes : Eisenia foetida : c’est le « ver du fumier » et Eisenia endreï : c’est le « ver de Californie ». Ils peuvent manger l’équivalent de leur propre poids en une journée et se reproduisent très vite. Un seul ver peut générer une descendance de 500 vers en un an.
Ici pas d’aération, mais un couvercle bien étanche. L’aération se fait naturellement lorsque vous ouvrez pour placer vos déchets et par les vers eux-mêmes qui creusent des galeries.
Il faut un peu d’humidité mais pas trop. Le rapport Carbone/Azote reste important pour la qualité de votre compost si vous ne voulez pas vous retrouver avec une pâte gluante ! Rajoutez donc du papier, du carton à vos déchets ménagers. Pour commencer, calculez le poids de déchets que vous allez y mettre par jour et apportez-en le double du poids en vers. L’idéal est 1kg de vers pour démarrer.
Il y a peu de manipulation. Cependant, faites attention lorsque vous partez en vacances à ce que vos vers aient à manger.
Pour les compostières verticales à un compartiment, la manœuvre est plus compliquée pour récupérer le compost. Il faut retourner le bac rapidement et veiller à ce que les vers ne s’échappent pas. Les compostières verticales à multiples compartiments fonctionnent comme les horizontales.
Le compost obtenu doit être utilisé dans les six mois, après, il perd ses propriétés.
Les vers n’aiment pas les matières trop dures, ni la viande, ni les produits laitiers. Pensez à rajouter papier, cartons, marc de café.
Comment savoir si votre compost est prêt à être utilisé
Il doit avoir une belle couleur brune ou noire avec une odeur d’humus forestier.
Source de l’article et pour en savoir plus : consultez ce site : www.compostage.info